Andréanne Abbondanza-Bergeron
Permeable Boundaries / Limites perméables

 

Image gracieuseté de l'artiste / Image courtesy of the artist

 

En montre à la Galerie Sans Nom
du 19 janvier au 9 mars 2018

Lorsque l’on entre dans la salle d’exposition, on peut y observer une série de panneaux de moustiquaire superposés et suspendus du plafond au plancher dans la totalité de l’espace. La périphérie de l’installation est allégée par une distance entre les moustiquaires suffisamment grande pour permettre d’y circuler et d’y entrer. Ces intervalles rétrécissent graduellement afin de créer un corps matériel dense au centre de la pièce (ou en plusieurs agglomérations réparties dans l’installation); tel l’effet d’un cyclone. Les filets de moustiquaire sont attachés à une structure de cordes tendues et tissées accrochée au haut de la pièce. De petits moteurs interviennent dans ce dispositif lui infligeant de légères secousses sporadiques. Cette tension spontanée fait bouger des sections du système d’attache et l’onde de répercussion fait vibrer les panneaux de moustiquaire. La vue d’ensemble est donc modifiée momentanément par un mouvement sensible qui déforme la vision. 

Le spectateur découvre l’œuvre, tout d’abord, par une expérience sensorielle, entrainant une reconnaissance du matériel provoquant une seconde lecture. Cette nouvelle interprétation se répercute ensuite dans l’interaction commune dans l’espace. À l’intérieur de l’installation, on y ressent une certaine compression qui est accentuée par l’effet moiré quelque peu hallucinatoire des rideaux de moustiquaire qui se superposent. Cet effet nous rappelle autant le naturel que le technologique : interférence à la télévision, ondes à la surface de l’eau ou encore, dans une échelle différentes, cartes topographiques en constante transformation. L’ambiguïté créée à la fois par la transparence et l’opacité des superpositions de moustiquaire déstabilise la vision du spectateur qui tente d’ajuster son œil sur les différents éléments de l’espace d’exposition (murs de la galerie, différents moustiquaires, vide, ect.). Sa perception de la profondeur se retrouve elle aussi dérangée. Navigant au travers du dispositif et négociant l’espace ainsi transformé, le spectateur peut se retrouver au centre de l’œuvre. 

Ces effets déstabilisants contrastent avec la rigidité et la régularité de la grille qui en est à l’origine. Cette dernière est un motif récurrent dans mon travail. Je la combine à des références architectoniques pour mettre à jour les structures sous-jacentes et omniprésentes de notre environnement urbain ainsi que la profusion et la perméabilité de ses limitations souvent arbitraires. Une fois au centre de l’œuvre, un peu comme dans l’œil d’une tornade, une distance se crée qui révèle au spectateur une certaine dissolution de ces même limitations les unes dans les autres, rendant ainsi possible une réflexion sur leur construction, qu’elles soient physiques, métaphoriques ou politiques.

www.abbondanzabergeron.com

At the Galerie Sans Nom
January 19 to March 9, 2018

As you approach the space, there is a view of the entire room, but with a sense of movement – a sort of interference suspended in the space – at times suddenly opening the view, or veiling it in multiple layer of material. Walking in the space, you are faced with the materiality of the piece. 

"My practice in installation aims to bring a more conscious awareness to the sense of presence and positioning in a specific space. My work questions notions of control and structure inherent in our architectural, urban and digital networks, reflecting on how they affect social and spatial relations. These are at the center of the experiences created by the work that uses materials stemming from the built environment in a way that subverts their intended use, creating a renewed perception for the viewer of their corporeal occupation in their immediate environment."

www.abbondanzabergeron.com