L’intimité spectacle
•
Sarah Thibault
En montre à la Galerie Sans Nom
13 mars au 10 avril 2020
Dans le projet L’intimité spectacle, je poursuis mes recherches sur l’intérieur bourgeois en investissant la Galerie Sans Nom de moulures et de caissons muraux à travers lesquels sont intégrés vidéos, textiles et papiers croisant art décoratif et nature.
Les textiles et les papiers proposent tous des motifs fabriqués par l’assemblage de photos du ciel ou de la forêt, tandis que les vidéos d’animation image par image mettent en action de petites sculptures. Près du bijou et présentées sur fond de paysage, ces vidéos mêlent des codes de la joaillerie à ceux du monument. Les images tournant en boucles, les objets effectuent des mouvements simples et répétés rappelant les stratégies de présentation d’objets précieux en vitrine de magasins de luxe.
Avec cette exposition, j’aborde la présence de représentations de la nature dans l’espace domestique et son utilisation dans la mise en scène bourgeoise. En recontextualisant ces éléments dans l’espace de diffusion, je réfléchis la part de spectacle présente dans le décor intérieur et je souligne la propension de l’idéologie bourgeoise à constamment chercher à contenir le sauvage.
•••
DÉMARCHE ARTISTIQUE
Ma pratique se penche sur le décor intérieur bourgeois comme médium de transmission d’idéaux bourgeois et patriarcaux. À la fois destiné à être habité et montré, l’intérieur bourgeois affiche cette particularité d’être simultanément intime et ostentatoire. Mes préoccupations anarchistes et féministes m’ont menée à travailler avec une imagerie passéiste du décor bourgeois afin d’en tirer un aspect satirique, mais surtout d’exploiter le regard romancé souvent porté sur son idéologie.
Fabricant des objets aux symbolismes pluriels, j’aborde l’espace domestique comme un lien tangible entre différents espaces conceptuels, un endroit où le petit et le grand se rencontrent. En évacuant la binarité privé/public, l’espace domestique devient un lieu de réflexion quant au contexte social dans lequel il s’inscrit et aux rapports de domination qui le régissent. Naviguant avec fluidité dans les notions d’intérieur et d’extérieur, je travaille ainsi à créer des expériences ambiguës, mettant souvent l’accent sur la présence déjà importante de représentations de la nature dans le décor intérieur.
Utilisant des techniques près du bricolage ou de la construction de fortune, j’élabore des sculptures et des installations répondant aux espaces dans lesquels elles s’inscrivent. Je suis continuellement en quête de stratégies me permettant de concevoir des œuvres d’envergure à l’aide de moyens moindres. Je revisite, entre autres, certaines techniques traditionnelles de la dorure et de la tapisserie en les tordant dans des interventions bon marché. Ce procédé m’offre l’opportunité de m’approprier le médium sculptural tout en interrogeant son rapport à la tradition.
- Sarah Thibault
At the Galerie Sans Nom
March 13 to April 10, 2020
In L’intimité spectacle, I am continuing my research on the bourgeois interior by installing mouldings and wall boxes through which are integrated videos, textiles and paper combining decorative art and nature in the Galerie Sans Nom space.
The textiles and paper all feature patterns made by assembling photos of the sky or the forest, while stop-motion animation videos put into action small sculptures. Close to the jewel and presented against the backdrop of the landscape, these videos mix the codes of jewelry with those of the monument. The images loop so that the objects perform simple and repeated movements recalling the strategies of presentation of precious objects in the window of luxury stores.
With this exhibition, I approach representations of nature in the domestic space and its use in bourgeois staging. By recontextualizing these elements in a gallery setting, I reflect on the part of spectacle present in interior decor and I emphasize the propensity of bourgeois ideologies that constantly seek to contain what is savage.
•••
ARTIST STATEMENT
My practice focuses on bourgeois interior decor as a medium for the transmission of bourgeois and patriarchal ideals. Both intended to be lived in and displayed, the bourgeois interior holds the peculiarity of being simultaneously intimate and ostentatious. My anarchist and feminist concerns led me to work with a backward imagery of the bourgeois decor in order to draw a satirical aspect, but above all to exploit the romanticized look often focused on its ideology.
Manufacturer of objects with plural symbolisms, I approach the domestic space as a tangible link between different conceptual spaces, a place where the small and the big meet. By shifting the private / public binarity, the domestic space becomes a place of reflection as per the social context in which it is inscribed and the relations of domination which govern it. Navigating fluidly in the concepts of interior and exterior, I thus work to create ambiguous experiences, often emphasizing the already important presence of representations of nature in the interior decor.
Using techniques close to DIY or makeshift construction, I create sculptures and installations responding to the spaces in which they are located. I am continually looking for strategies that allow me to design large-scale works using less means. I revisit, among other things, certain traditional techniques of gilding and tapestry by twisting them in inexpensive interventions. This process offers me the opportunity to appropriate the sculptural medium while questioning its relationship to tradition.
*translated from French